dimanche 10 janvier 2016

Voyages, voyages...


2 mois et demi, un budget déterminé, une énorme envie de découverte et un continent entier à parcourir...

Il a fallu faire des choix.



Mon voyage a commencé le 26 décembre quand mes parents m'ont déposé au terminal de bus de Florianopolis (Brésil) avant d'aller prendre l'avion pour rentrer en France.

1ère étape, l'Uruguay : San Carlos => La Paloma et ses plages au bord de l'océan.


Mon programme


  • Uruguay : La Paloma, Cabo Polonio, Salto.
  • Nord de l'Argentine : Córdoba, Salta => normalement je retrouve mon cousin, Thibault, à ce moment-là de mon voyage (mais je dis bien normalement) pour continuer ma route en sa compagnie.
  • Sud de la Bolivie : désert Salar d'Uyuni, Potosí, Sucre, Cochabamba, La Paz.
  • Lac Titicaca : Isla del Sol.
  • Sud du Pérou : Cusco avec le Macchu Picchu.
Et si j'arrive à faire tout cela, j'aurais déjà énormément de chance !

Le début de mon voyage est une expérience très intéressante dont je ne me serais pas cru capable : voyager seule.
Et finalement, je me surprend à apprécier être seule.


La visite de mes parents chéris

12/12/2015 - 00h15 : retrouvailles avec mes parents à l'aéroport d'Asunción après 1 heure à faire les 100 pas (littéralement). Bon, je l'avoue, j'ai pleuré.
Nous rentrons donc en taxi au Jardin, l'auberge dans laquelle je vis à Asunción. Il était déjà tard quand nous sommes arrivés mais ont eu lieu les (très attendues) présentations avec Coline et Guido.

Au programme :
  • 12/12/2015 - 15/12/2015 : Asunción - Paraguay, pour faire découvrir ma nouvelle vi(ll)e à mes parents.
  • 15/12/2015 - 20/12/2015 : chutes d'Iguazu (Brésil et Argentine), logement à Puerto Iguazu côté argentin, moi chez mon ami Manu au Mango Chill, mes parents chez le frère de Manu au Bambu quelques rues plus loin.
  • 20/12/2015 - 26/12/2015 : Florianopolis - Brésil, pour se reposer à la plage et bronzer un peu (enfin rougir pour papa et moi).

Asunción :
J'ai guidé et servi d'interprète à mes parents dans le centre d'Asunción, nous avons fait les classiques : la cathédrale avec mon université, la place Uruguaya, l'ancienne gare, la Costanera, la place de la Démocratie, le quartier de San Jeronimo et son mirador, l'immense marché 4, les restaurants comme le Bolsi et le Lido Bar (et tous les glaciers du centre pour papa).


Les bonnes glaces

Mirador de San Jeronimo

La montée du fleuve Paraguay

En route pour les chutes d'Iguazu


Chutes d'Iguazu :
Ensuite, nous avons pris le bus pour Cuidad del Este, à la frontière avec le Brésil, pour arriver aux chutes d'Iguazu. Nous avons visiter les 2 côtés des chutes et un peu la ville de Puerto Iguazu avec le point de vue des 3 frontières où nous avons pu observer les "balises" du Paraguay, du Brésil et de l'Argentine, ses 3 pays étant séparés par les fleuves Paraná et Iguacu. Parmi nos rencontres les plus sympathiques, Sylvère, un "lorrain sympa" (pour citer M. Gaby), et Manu, mon ami qui tient le Mango Chill à Puerto Iguazu.

Avec Manu au Mango Chill avec une bière Patagonia

Avec Sylvère aux chutes côté brésilien



Les co-co, les co-co, les co-coatis !


La borne de frontière de l'Argentine

Maillot de foot de l'équipe Los Estudiantes offert par Manu


Florianopolis :
Nous avons pris l'avion à Foz Do Iguacu pour arriver à Florianopolis en passant par Sao Paulo. La pluie a été un peu trop présente à notre goût mais nous avons quand même bien pu visiter l'île en voiture et on a profité de la plage quand le soleil daignait bien nous montrer quelques uns de ses rayons. Satané El Nino et ses chamboulements climatiques !
Le soir du réveillon, nous avons mangé dans un resto à côté de l'hôtel car trouver un restaurant en ville était une tâche difficile. Et le 25 décembre, nous avons rejoint David dans un autre quartier de l'île, la famille brésilienne chez laquelle nous étions a donc partagé son repas de Noel avec nous, c'était un super moment !




Les dunes de sable où on pratique le Sandboard



Plage Joaquina

Vue depuis la chambre d'hôtel





Bref, ces 2 semaines dans 3 pays différents ont été riches en émotionsdécouvertesrencontres...
Ce serait bien trop long à raconter en détails. De plus, j'utilise actuellement un clavier espagnol, ce qui s'apparente donc à l'enfer pour écrire un article. Pour les privilégiés, je vous conseille de demander à mes parents de vous conter leur voyage avec un peu plus de détails.

jeudi 29 octobre 2015

Jericoacoara - Brésil

Vendredi 30 octobre - samedi 14 novembre

Alors voilà premièrement, je me dois de vous expliquer pourquoi ce voyage était si spécial à mes yeux. Il y a quelques années, j'ai vu un reportage sur le petit village de Jericoacoara, au nord du Brésil. Ses rues faites de sable, l'océan s'arrêtant au pied de ses dunes, ses lagons, le fait que chaque soir tout le monde se réunisse sur la dune pour admirer le soleil se coucher sur l'océan... Tout cela m'a fait rêver depuis mon salon en France. Puis j'y ai repensé à Asunción et je me suis dit que je n'avais pas l'opportunité d'être sur ce continent tous les jours. J'ai donc regardé les billets d'avion qui n'étaient pas si cher, et en 3 jours j'ai embarqué Coline avec moi et on a pris tous nos billets pour 2 semaines au paradis !
Ah et j'ai également fait l'acquisition de mon premier sac à dos de voyage, que d'émotions !

Trajets :
1 jour de bus : Asunción - Sao Paulo (ville)
45mn de bus : Sao Paulo (ville) - Sao paulo (aéroport)
4h d'avion : Sao Paulo (aéroport) - Fortaleza
1 nuit : aéroport de Fortaleza
4h de bus : Fortaleza - Jijoca
1h de bus dans le sable : Jijoca - Jericoacoara
Et bien évidemment la même chose au retour, conclusion : 4 jours de trajet sur les 14 jours de voyage. Mais le séjour en valait vraiment la peine !

Logement :
  • 1ère nuit : dans un hamac pour 6 € sans petit-déjeuner (un peu cher).
  • toutes les autres nuits : Hostal America Do Sul pour environ 8 € dans un dortoir de 9 personnes avec un petit-déjeuner copieux chaque matin.




Nous avons rencontré des gens supers, et tout particulièrement Chris, Nico et Seba qui travaillaient à Jeri et vivaient à l'hôtel tout en profitant de la plage et des sport tels que le kite surf ou le wind surf.
Ces deux semaines étaient géniales, mais ce serait beaucoup trop long à vous raconter.
Nous sommes allées au lagon du paradis où il y avait des hamacs dans l'eau transparente, nous avons vu l'attraction touristique qui consiste en un rocher formant une arche, puis nous y sommes retournées à pied, nous permettant de nous balader sur une dune longeant l'océan, on a fait du buggy stop, on a passé une aprem dans une crique où il y avait des grosses vagues et une caverne cachée par la marée haute, on est passées au milieu des dunes de sable en buggy, nous avons bu des caipiriñhas, nous avons fait la fête lors des soirées reggae, vu le show de Chris avec du feu, admirer de la capoeira sur la plage et surtout nous avons vu le coucher de soleil presque chaque soir... Là-bas, c'est un rendez-vous, tout le monde se rejoint sur la dune pour observer ce moment magique et applaudir le soleil lorsqu'il s'est totalement couché.

Mais je préfère laisser les images parler d'elles-mêmes :
https://picasaweb.google.com/101785653578820488971/JericoacoaraBresil?authuser=0&feat=directlink


Les chutes d'Iguazu aux trois frontières (Argentine, Brésil, Paraguay)

Vendredi 16 octobre 2015

Foz Da Iguaçu - Brésil

Le vendredi à 00h15, nous sommes parties d'Asunción direction Foz Da Iguaçu à environ 6h30 de bus, la ville des chutes côté brésilien. Nous sommes arrivés vers 7h au terminal de bus de Foz, puis nous avons repris un bus pour un autre terminal et ensuite un dernier bus en direction des chutes et du parc naturel. Nous y sommes donc arrivées très tôt, vers 8h, alors que le parc n'ouvrait qu'à 9h. Bien évidemment, nous n'avons pas pensé à attendre devant les portes et nous avons donc dû faire la queue mais bon on le saura pour une prochaine fois ! Il y avait énormément de monde, mais alors vraiment, vraiment BEAUCOUP de monde !

Nos entrées achetées pour 52 reales brésiliens par personne (environ 12 euros), nous voilà dans le petit train nous emmenant à la partie du parc où on pouvait observer les chutes.
C'était très beau mais il y avait beaucoup trop de gens à notre goût et ce fut un calvaire pour circuler sur le chemin prévu pour admirer les chutes. Parfois, les perches à selfie nous empêchaient même de passer ! Où va le monde ?!
Le parc naturel est rempli d'oiseaux, d'insectes, de papillons de toutes les couleurs, de gros lézards et de mammifères. Dont les coatis, un animal qui vit en petits groupes et qui n'a pas vraiment peur de l'Homme, mais auxquels il faut faire très attention ! En effet, ils sont toujours à la recherche de nourriture et si vous avez le malheur de manger devant eux, alors ils essayeront de vous voler tout ce qui est comestible. Vous lirez plus loin que j'en ai fait les frais du côté argentin... Nous avons aussi vu un animal non identifié, nous avons donc décidé que c'était un écureuil-biche (vous verrez cette merveille de la nature sur l'album photo picasa).

Les chutes se font en une demi-journée, du coup nous avons décidé de prendre un bus pour Puerto Iguazu afin de passer la nuit du côté argentin et être sur place pour le lendemain.

Pour les photos, c'est par ici :
https://picasaweb.google.com/101785653578820488971/FozDaIguacu?authuser=0&feat=directlink






Samedi 17 octobre 2015

Puerto Iguazu - Argentine

Après 1h de bus et une micro sieste, nous sommes arrivés à Puerto Iguazu où nous avons mangé un plat appelé "nourriture du pauvre" et qui consistait en un énorme plateau de riz, pâtes, milanaises de poulet, laitue, chou...  Nous sommes ensuite parties à la recherche d'une auberge sympa pour y passer la nuit. Et là, ce fut le drame. Après s'être perdu dans cette petite ville, et avec le poids des sacs et de la fatigue, nous avons décidé de nous arrêter dans la première auberge que nous avons trouvé. Nous nous sommes donc retrouvées dans un dortoir de 4 personnes mais nous étions seules. Nous en avons vite compris la raison après avoir senti la tenace odeur d'humidité et vu que la douche ne nous offrait que de l'eau froide. Puis en sortant faire des courses pour se sustenter, nous avons remarquer une auberge génial à 200 mètres de la nôtre. Notre nuit étant payée, nous sommes restées dans l'autre pour la 1ère nuit qui nous a coûté moins de 10 €. Et puis, finalement, avec la fatigue du voyage et de notre journée de découvertes, l'humidité ne nous a pas empêché de dormir.
Le lendemain, nous sommes allé visiter le parc naturel des chutes côté argentin, qui est bien plus agréable, beau et grand. Il y a plus d'espace pour circuler donc on ressent beaucoup moins le sentiment de foule de touristes. On peut voir les chutes de loin, de près, de dessus et de dessous !

Vient maintenant ma lutte acharnée contre un coati. Nous avions décidé de pique-niquer tranquillement tout en faisant bien attention à ces animaux si fourbes. Et là, un coati arrive en courant. Panique. On remballe tout. Sauf le paquet de chips dans lequel j'avais la main. L'animal m'a donc pris pour cible, il s'est levé sur ses deux pattes arrière pour essayer de monter à ma jambe, heureusement je me suis éloigné à la vue de ses griffes ! Mais il me poursuivait tandis que j'hurlais le prénom de Coline en espérant un peu d'aide de sa part. Un espoir vain puisque mon "amie" n'était pas en mesure de reprendre son souffle à force de se moquer de moi et de ma détresse. J'ai donc lâcher mon précieux paquet de chips, objet de convoitise dont le coati s'est emparé avant d'aller le déchiqueter un peu plus loin.
Mais j'ai pu me rendre compte que je n'étais pas la seule victime de ces goinfres quand un jeune homme s'est fait voler la moitié de son énorme sandwich qu'il venait de prendre en photo, tout fier. Je pense que le coati a pu nourrir sa famille entière au vu des 30 cm de sandwich dont il a fait l'acquisition ! J'ai pourtant essayé de prévenir le mec mais ne parlant pas anglais, j'ai seulement pu lui montrer du doigt le coati au moment où il trouvait le graal.









Après cette journée riche en aventures, nous sommes rentrées à Puerto Iguazu, nous avons changé d'auberge pour dormir au Mango Chill dont l'ambiance était bien plus sympa. Le soir nous avons fait le petit marché d'où nous sommes rentrées avec un morceau de fromage argentin super bon mais très fort.
Et enfin, le dimanche nous avons repris un bus pour Cuidad del Este (Paraguay) puis Asunción. Le trajet fut long et pénible, les dossiers de nos sièges se relevaient au moindre trou sur le route. Autrement dit tous les 200 m sur les routes paraguayennes !

Pour les photos de cette journée :
https://picasaweb.google.com/101785653578820488971/PuertoIguazu?authuser=0&feat=directlink



Ce week-end nature était génial, et Coline est une super partenaire de voyage (et de vie à l'hôtel depuis quelques mois maintenant). Nous sommes toujours sur la même longueur d'ondes, cela nous permet de faire des voyages avec zéro conflit et ça c'est vraiment une chance !

jeudi 15 octobre 2015

Paraguay - Argentine

Mardi 13 Octobre 2015

Mon premier match de foot au Paraguay !

Et pas des moindres puisque le Paraguay affrontait l'Argentine chez lui, au stade "Defensores del Chaco" à Asunción pour les qualifications à la coupe du monde 2018 qui aura lieu en Russie, et l'arbitre était uruguayen.

Coline, Nico et moi avons donc rejoint le papa et le frère de Nico au stade. Nous étions derrière les cages, une des tribunes fréquentées par les vrais "aficionados" ! Le terrain m'a paru minuscule... Le stade a une capacité d'environ 48 000 spectateurs mais je pense que si 60 000 places se vendent, il n'y aura aucun soucis au niveau des normes de sécurité parce qu'il y avait énormément de gens debout aux entrées de la tribune et à la 2ème mi-temps, l'entrée du stade est libre.
Dernièrement, une tribune a été ajoutée au bord du terrain sans filet ni grillage pour empêcher les spectateurs d'aller sur le terrain. C'est une sorte de test pour voir si les gens arrivent à bien se tenir...

Les différences majeures au niveau du stade sont :

  • la petite taille du terrain (mais c'était peut-être un effet d'optique).
  • il y a un seul écran d'un seul côté qui annonce le score et le temps, du coup il n'y a pas de télé pour bien voir ou revoir les actions. Le seul point positif est que les pubs sont beaucoup moins présentes. Il y a seulement un énorme "Volkswagen" tout en haut sur un côté et des publicités qui défilent sur des écrans d'une longueur de stade.
  • s'il pleut, c'est foutu. En effet, il n'y a pas d'abri du tout !



Nico m'ayant offert un maillot officiel de l'équipe du Paraguay, j'étais équipée comme il se devait : maillot, drapeau, vernis et rouge à lèvres rouge, sans oublier le maquillage bleu blanc rouge acheté initialement pour soutenir la France lors de la dernière coupe du monde mais recyclé en drapeau paraguayen (il suffit de mettre ces couleurs à l'horizontal) !



Le match s'est terminé à 0 - 0 mais sincèrement le Paraguay a super bien joué, mieux que l'Argentine. Ils ont eu une meilleure possession de balle et environ le même nombre d'opportunité de tirs que l'Argentine qui nous a fait des tentatives misérables. Coline a trouvé que les joueurs étaient très fragiles, effectivement il y a eu beaucoup de chutes, et parfois sans aucune raison !
L'ambiance était vraiment super ! Les supporters derrière nous arrêtaient pas d'hurler mais c'était assez drôle. Et le frère de Nico, juste devant moi, était enragé ahahah ! En plus, le fait que les paraguayens parlent le guarani permet aux joueurs de communiquer entre eux sur le terrain sans que les autres joueurs parlant espagnol ne les comprennent et aux supporters d'insulter l'autre équipe ! Alors évidemment des insultes en espagnol telles que "hijo de puta" (je vous épargne la traduction) ont fusé mais ça ne change pas beaucoup d'un pays à l'autre, du foot reste du foot !

Ensuite, nous sommes allés chez des amis des parents de Nico, pas loin du stade, pour manger... un asado (quoi d'autre qu'un asado au Paraguay) et boire quelques bières ! Puis pour pour débattre du match et ensuite dévier sur la situation politique au Paraguay.

En somme, ce fut une super soirée !

vendredi 2 octobre 2015

Ma rencontre avec des réfugiés syriens

Il y a une semaine, nous nous étions rendu au grand mouvement de protestations de l'Université Nationale d'Asunción. Sur le campus, nous avions rencontré un ami, Samir, venu avec deux réfugiés syriens arrivés à Asunción il y a quelques semaines.
C'est ainsi qu'hier soir, Samir m'a dit qu'il était invité à manger dans la maison où ils vivent et m'a proposé de l'accompagner.

Tout d'abord, un petit bout de leur histoire

Ces réfugiés viennent de Qamishli, à la frontière avec la Turquie et non loin de l'Iraq, village de 400 000 habitants (dans lequel il ne reste plus que 150 000 personnes) situé au Nord du pays, et actuellement attaqué par l'Etat Islamique. Les habitants de ce village sont des kurdes, des syriaques et des arméniens. Ainsi, différentes communautés et religions cohabitent dans cette maison à Asunción. Il y a 2 kurdes musulmans, 1 arménien catholique et 4 syriaques chrétiens orthodoxes.
Samir m'a expliqué qu'au sein de la maison, ils n'avaient pas tous la même vision du conflit qui touche leur pays ni le même sentiment par rapport au président Bashar al-Assad (par exemple, les Kurdes sont plus séparatistes).

Je vous traduit l'article paru dans ultima hora le 30 août 2015 et vous donne le lien pour ceux qui comprendrait l'espagnol (avec une photo de la famille et... de Samir) : http://www.ultimahora.com/refugiados-sirios-paraguay-odisea-90-dias-huyendo-del-infierno-n926143.html

Ils sont sortis de leur village en courant, littéralement. Traversant la frontière turque pour fuir les bombardements et l'horreur.
Ils sont arrivés en camion à Istanbul, et là-bas, ils ont attendu 2 mois et payé quelques milliers de dollars à un trafiquant de personnes pour embarquer dans un avion en direction de l'Espagne. Cependant, le destin les a fait atterrir à Asunción, au cœur d'un continent dont ils connaissaient à peine le nom.
Nafia Elías (75 ans), Bedros Ibrahim (91 ans), Nahed Ibrahim (22 ans), Devet Ibrahim (13 ans), Suleiman Hasan (22 ans) et Shant Bahi (29 ans), sont des syriens qui se trouvent sous la protection de l'Etat paraguayen en qualité de réfugiés.
Le chemin fut long de Qamishli à Istanbul, puis à San Pablo, Santa Cruz, Río de Janeiro, Sao Paulo, jusqu'à arriver à Asunción. Un itinéraire de 10 vols !
"Dans notre village, il y a tout le temps de attentats. Un peu avant de partir, il y en a eu un dans le centre ville, nous avons entendu une explosion très forte, c'était une personne en moto chargée d'explosifs. Des enfants et des femmes enceintes ont été tués dans cet attentat." relate Nahed, à travers Samir Paravicini, de la communauté sirio-libanaise au Paraguay et qui fait le traducteur.
Comment est la vie quotidienne en Syrie ? Nahed dit qu'il faut que les gens continuent à vivre, "ils ne peuvent pas arrêter, parce qu'ils doivent manger, travailler. Ceux qui meurent, meurent et les autres continuent".
En Syrie, ils n'ont pas d'électricité, les prix des aliments ont augmenté et les hôpitaux ont à peine des médicaments, il manque du gas-oil, et c'est sûr qu'en hiver plus de gens vont mourir.
L'Etat Islamique bloque les routes et laisse la population sans recours/vivres, mais en même temps, la structure du gouvernement ne fonctionne pas pour la guerre civile, de ce fait les gens doivent survivre.
Avant le désastre. Ils se rappellent encore le temps où la Syrie était un lieu magnifique et sûr. "La beauté de la Syrie était dans sa diversité, où les arabes vivaient avec les arméniens et les chrétiens, et les araméens chrétiens et les kurdes. Il y avait tous les types de religion qui cohabitaient sans problème." reconnaît Shant.
Suleiman incline la tête et après une courte pause, relate que l'Etat Islamique tue les hommes, séquestre les enfants et les oblige à utiliser des armes pour tuer les gens. Il séquestre aussi des femmes, les viole et après, les vendent pour 100 dollars comme esclaves.
"C'est sûr que s'il y avait du pétole, s'il y avait de l'argent, on aiderait la Syrie, mais comme il n'y a rien, il n'y a pas d'aide directe" regrette un des réfugiés.
L'avocat Federico Salgueiro, qui assiste les syriens, souligne le soutien de la communauté sirio-libanaise du Paraguay en affirmant : "Le soutien est gigantesque. Ils louent une maison pour eux, ils les assistent dans tout ce qu'ils ont besoin. La seule chose qui leur manque maintenant est de retrouver leurs familles".
Ils laissent derrière eux la destruction et l'épouvante d'une guerre que le monde voit à travers la télévision. "Quand nous sommes arrivés, nous étions très tristes, notre âme était fatiguée, et maintenant avec un si bon traitement, nous nous sentons très bien" disent-ils. Et Bedros, avec ses 91 ans et son regard ému, dit merci dans sa langue, et cela paraît un bon moment pour se rappeler que "la solidarité est la tendresse des peuples".


Ces réfugiés, qui sont avant tout des êtres humains, veulent aller en Europe. Ils pensent que le Paraguay ressemble à la campagne qu'ils ont fui. Ce que j'ai essayé de leur expliquer c'est qu'ici, ils seront beaucoup mieux accueillis et acceptés que sur ce continent qui les fait tant rêver : l'Europe. Samir m'a expliqué qu'au Paraguay, tout reste encore à faire, tu peux bien vivre en ouvrant un commerce ou en montant ton entreprise. Et surtout, les paraguayens se comportent comme ils l'ont fait avec moi, ils font en sorte que leur pays devienne le leur et qu'ils s'y sentent le mieux possible !


Maintenant, parlons de choses plus joyeuses : ma soirée de partages

Au menu, il y avait du poulet grillé, du Kafta (viande épicée, TRÈS épicée pour moi), une sorte de sauce blanche à l'ail (Tum) et une salade.
Alors évidemment, certaines nourritures ont mis le feu à mon palais et à mes papilles mais c'était vraiment très bon. Ce n'est pas bien vu de refuser ou de laisser de la nourriture, j'ai donc été contrainte de manger des aubergines et des courgettes. Mais bon après avoir entendu leur histoire, je ne vais pas me plaindre, n'est-ce pas !


Nous avons été servis comme des rois, Samir était assis en bout de table car c'est la place la plus importante. Je n'ai pas eu le droit de débarrasser le moindre couvert (je commence à avoir l'habitude ici) et on me remplissait mon verre dès que je le terminais.
Ensuite, nous avons mangé des glaces et discuté autour d'un narguilé !
Evidemment, nos hôtes commencent seulement à apprendre l'espagnol et moi je n'ai jamais parlé un seul mot d'arabe. La différence de langue peut vite amener à un sentiment de frustration à chaque tentative pour communiquer, chacun se regardant avec de l’incompréhension et de l'impuissance dans les yeux. Rien que pour demander au petit garçon s'il aimait le Paraguay ou les glaces, j'avais besoin d'un traducteur. Heureusement, j'en avais plusieurs à ma disposition ! Dont Samir, qui jonglait entre l'espagnol, l'arabe et le français. À la fin de la soirée, il n'arrivait plus à parler aucune langue sans difficulté, le pauvre ! Rien que de parler espagnol tout en pensant en français me coûte quand je suis fatiguée, alors je n'imagine même pas ce que ce doit être de traduire en arabe ce que je lui disait en français, tout en pensant en espagnol !

C'était vraiment fou de rencontrer des jeunes et des beaucoup moins jeunes qui ont fait un si long voyage pour fuir les bombes. Et surtout, que cela se passe en 2015 !
Il y a une fille de mon âge avec son frère de 13 ans, seuls à Asunción, séparés de leurs parents par un océan. C'est vaste un océan, surtout pour un petit garçon de 13 ans (et même pour une jeune fille de 22 ans).

J'ai appris hier soir que moins on a, plus on donne.

Une dernière chose qui m'a vraiment révolté c'est l'ingérence dont fait preuve les États-Unis ! Pensant, pour je ne sais quelle raison, que le continent américain tout entier lui doit des comptes et des informations, celui-ci vient vérifier dans les registres paraguayens quels sont les réfugiés qui entrent sur le territoire et se permet ainsi de les juger comme "dangereux" ou non !

Après cette expérience, je ne comprends pas comment certaines personnes peuvent encore faire l'amalgame entre immigrants et réfugiés, et comment des pays peuvent fermer complètement leurs frontières à des êtres humains (oui, oui, comme vous et moi) en danger de mort.
Ce n'est pas mon intention d'ouvrir un quelconque débat sur le sujet. J'ai seulement envie de vous faire partager mon expérience et un bout de leur histoire.




Merci beaucoup à Samir pour les nombreuses (et précieuses) informations.

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